top of page
P2200545 bcgfvngfczzzz.jpg

 

 

 

 

Marine Chereau ou le western optique

​

Marine  porte en elle le mythe de la photographie de terrain, celle des années trente, celle des années de crise, de joies... Son colt est furieusement technologique, un  numérique qu’elle garde à l'épaule.

​

La chasse de l’oeil est aiguë et vient percuter des fragments de vie sans leur ôter leur degré de singularité et de présence. Les figures captées sont immédiatement là  parce qu’elle attend, s’installe dans les lieux : bars, gares, restaurants, rues, attractions,  quartiers démunis.

​

La mise en scène est rare et la prise est rapide, Marine, improvisant la profondeur de champ, passe outre les regards et cherche la perspective intérieure des êtres qu’elle croise. Elle sait qu’elle a un centième de seconde pour enregistrer le regard, le vide abyssal d’une main tendue,  l’encre d’une pupille au visage d’un homme en précarité. L’être humain est prioritaire : le respect est immense, l’ironie aussi parfois, mais d’abord le silence. Un grand silence d’effacement : elle se présente à peine, se fond dans la forêt des gens qui sont là,

 

Les montages  qui s’opèrent  nous renvoient tous à l’idée d’un double espace de la perception. Il y a le réel, il y a le désir, il y a le fantasme projeté dans le réel et il y a à nouveau le réel, sans reflet.  Je veux dire qu’elle restaure ses sujets dans leur dignité et que par bien des aspects, sans les trahir, elle les répare. Pas étonnant donc, que de temps à autre, Marine croise des cow-boys. Entre aventuriers du réel, on se reconnaît. 

​

Luc Vigier

Avril 2018

bottom of page